Hanjibang project (depuis 2018)
– projet soutenu par la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes
Le Hanjibang project, conçu spécifiquement pour mon nouvel atelier à Ambilly, se veut comme un espace-temps à part entière. Il vise à explorer les différents aspects du temps à l'aide d'outils variés tendant à repositionner le passé, le présent et le futur.
Hanjibang veut dire “chambre de papier coréen". Depuis 2018, je me suis intéressée au papier artisanal coréen qui est utilisé pour les arts mais aussi pour les fenêtres, vêtements, papiers peints, tapisseries au sol ou encore dans les serres. J'ai eu envie de valoriser ce papier qui se conserve jusqu'à 1000 ans. Le Jangpan-ji (Hanji épais vernis d'huile de haricot) est appliqué au sol et le papier peint en Hanji collé au mur dans une chambre de 9,2 m2, qui s'inspire d'une chambre traditionnelle coréenne. Les papiers coréens créent une atmosphère douce et neutre, propice au repos, à la lecture, la réflexion, la prière, la méditation, etc.
Ce projet s'inscrit dans une démarche globale qui s’articule autour de la notion d'une "chambre à soi" – où se déroule une seule action à la fois sans limite de durée. "Une chambre à soi" qui ne dépend pas de l'écoulement du temps, mais de l'Annaké – la nécessité qui est au-delà de la raison et qui est une force de chaos. À travers cette chambre, le projet tend à trouver « une qualité du temps » en laissant une trace de mes présences, créant comme une fissure temporelle et un « parfum du temps ». L’expression est employée par le philosophe Han Byung-Chul, pour qui notre société contemporaine a perdu la capacité d'apprécier « le caractère éphémère » du temps. Selon le philosophe, l'accélération ne nous permet pas de « nous attarder sur les choses » et « l'histoire disparaît désormais au profit des informations », qui « n'ont ni durées, ni ampleur narrative. Elle ne sont ni centrées, ni orientées. Elle nous tombent dessus en quelque sorte. » Pour ainsi dire, « les informations n'ont pas de parfum ». Notre vie est toujours active, la « vita activa », comme dit le philosophe, qui « conduit à la perte du monde et du temps. » Et de souligner que c’est la « vita contemplativa » qui peut nous faire sortir de la crise et retrouver le « parfum du temps ».
Les différents «mouvements de contemplation» captés tels que méditation, sieste, lecture ou écriture de lettres, écoute de musique, etc. n'ont aucun but et aucune limite de temps. Même si c'est une durée brève, il est important de passer ce moment comme s'il était éternel.